JAPMANGA

Les Otakus

Le terme otaku est une invention d'un écrivain très populaire au Japon, Akio Nakamori. Ce terme décrit à la fois le pronom personnel vous (sous sa forme polie) et maison; on le traduit généralement par "celui qui s'abrite à la maison".

Les otakus sont des hommes qui vivent en marge de la société et qui s'enferment chez eux pour assouvir leur passion. Les notions de conformisme ou le sens de l'effort collectif leur est inconnu. Depuis les années 80, de plus en plus de jeunes se sentent socialement inadaptés et refusent le réel. Ils y échappent en se repliant dans leurs rêves d'adolescents. C'est devenu aujourd'hui l'expression d'un mal de vivre propre à la jeunesse nipponne. Selon le professeur Takashi, psychiatre à Tokyo " les otakus ne veulent ou ne peuvent pas passer à l'âge adulte. Leur mère a été un obstacle vers l'émancipation à l'âge adulte."

Les otakus vivent avant tout à travers leur passion. Il existe autant d'otakus qu'il y a de passions. Certains collectionnent les sous-vêtements des lycéennes, ce qui est, précisons le, un excellent moyen de se faire un peu d'argent de poche sans trop d'effort. D'autres passionnés par l'aéronautique, construisent à longueur de journée des petits modèles d'avions de guerre, d'autres collectionnent les chaussures, les montres, les cassettes vidéos pornographiques....

Mais la société japonaise, loin de les exclure, a crée tout un marché qui gravite autour de l'otakisme.

Dans des studios de photos, des lycéennes en maillot se présentent afin de donner naissance à quelques clichés, qui serviront à la conception de petites figurines (20 à 30 centimètres) à leur effigie. Ces statuettes vont rapidement se retrouver dans le commerce dans des boîtes, avec en prime la photo de la jeune fille. Les hommes identifient ces figurines comme le prototype même de la femme idéale. En effet, les otakus créent un sentiment fétichiste autour de ces poupées. Faibles, fragiles, pleurant facilement, ces poupées créent dans l'esprit de l'otaku un sentiment de protection. Certains en possèdent des dizaines et ne se lassent jamais de les admirer.

Les idoles sont des jeunes filles à la mode qui se produisent sur des scènes (souvent dans les supermarchés) en chantant leur dernier titre. Des jeunes, surtout des garçons, s'efforcent de suivre leurs idoles et collectionnent photos, disques, poupées, tout ce qui peut les identifier à leur star. En sont-ils amoureux? Pas vraiment, les otakus différencient facilement le rêve, l'inaccessible, l'idole, et une réalité qui est souvent dépourvue de relations humaines. Mais est-ce réellement un phénomène exclusivement japonais ou un signe avant-coureur de cette fin de millénaire? Dans une société marquée de plus en plus par la solitude, l'individualisme, la cyber-culture, n'y a-t-il pas un danger de voir dans le monde entier et dans les décennies à venir le même phénomène de rejet de la réalité au profit d'un refuge imaginaire? Pire, on peut se demander si l'imaginaire qui s'exprime à travers les mangas et les vidéos ne contient pas des éléments propres à développer, dans le public, une inadaptation au réel, voire un forme d'autisme. Rassurons-nous, depuis toujours les hommes ont tenté de fuir, même pour un laps de temps assez court, les contraintes de la vie quotidienne: les romans, la musique, les activités ludiques participent activement à ce processus, sans pour autant créer un rejet systématique du réel. Soyons vigilants.

Tsutomu Miyazaki, un jeune déséquilibré de 27 ans, fut appréhendé par la police pour avoir kidnappé et dépecé quatre fillettes entre 1988 et 1989. Les restes d'une des enfants furent envoyés à ses parents, sous le pseudonyme de Yùko Imada, qui est en fait une héroïne d'un manga violent et pornographique. De même, une perquisition à son domicile a révélé la possession de six mille cassettes vidéos pornographiques et une impressionnante collection de mangas du même acabit. Le cas Miyazaki a alimenté les propos des détracteurs des mangas, en confirmant les appréhensions de ces derniers en matière de troubles comportementaux et le rapport entre rêve et réalité que le manga peut engendrer.

Ces meurtres ont été un coup dur pour la nation toute entière qui se prévalait d'une criminalité inexistante.

Les médias ont immédiatement fait un lien entre ce crime et les otakus. Ces derniers n'étaient plus considérés que comme des lecteurs de mangas pernicieux, susceptibles à chaque instant d'être un danger pour la société.

Si cet événement fut l'objet d'un traumatisme pour le Japon, il n'en demeure pas moins un cas exceptionnel.

Les otkus sont également le sujet de plusieurs publications. Dans Vidéo girl Aï de Masakazu Katsura, Yota, un jeune lycéen, éprouve beaucoup de difficultés à nouer des liens avec des filles de son école, préférant vidéo girl, une femme virtuelle, née de l'interaction de son imagination et de son ordinateur.

La représentation d'une sexualité inaccessible découle d'une incapacité à construire une relation affective avec l'autre sexe.

Dans Crying Freeman, de Kazuo Koike et Ryochi Ikegami, une jeune femme demande à son assassin de lui prendre sa virginité avant de l'exécuter et découvre que ce dernier est également puceau.

Les otakus n'ayant pas la possibilité de s'épanouir pleinement dans la communauté, ils se retranchent dans un monde virtuel, accessible à tous et n'opposant aucune limite.

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