JAPMANGA

Sexualité et érotisme

L'érotisme et la sexualité, dans toute ses formes, existent au Japon depuis le moyen-âge. Au XVIIIe siècle, les estampes d'Hokusaï figuraient de nombreuses scènes érotiques, pour ne pas dire pornographiques.

Après la seconde guerre mondiale, le gouvernement a proposé certaines mesures morales pour combattre la prostitution, qui avait fait son apparition avec les troupes américaines basées au Japon.

Ainsi ce créa le Junketsu (chasteté) et le kyoiku (morale). Cette nouvelle morale, enseignée dans les écoles, mettait l'accent sur la virginité. Ce programme fut violemment critiqué par les féministes des années soixante qui y voyaient une discrimination, les filles seules étant tenues à la virginité.Dés lors l'éducation sexuelle est laissé à l'appréciation des instituteurs.

Une enquête menée en 1981 sur les attitudes sexuelles des jeunes révélait que 18,7% des lycéens et des étudiants avaient déjà eu une expérience sexuelle, contre 15,1% en 1974. Chez les filles, on est passé de 6,6% en 1974 à 13,4 en 1981.

Les Japonais ignorent le tabou judéo-chrétien du péché de chair, mais la morale confucéenne a introduit un sentiment de honte et d'impureté sur le sexe et l'appât du gain, relégués au plus bas des valeurs morales.

Les Japonais qui commettent un adultère craignent plus l'image qu'ils donnent d'eux qu'un simple sentiment de culpabilité. Mais ce contrôle social qu'exerce le confucianisme sur le peuple risque fort de disparaître avec la surinformation sexuelle diffusée par les médias et notamment les mangas.

L'érotisme dans les mangas se décline de plusieurs manières. Dans les Shõjo mangas (pour filles) l'érotisme est montré de manière kawai¸ c'est-à-dire mignon: les scènes sexuelles sont plus suggérées que montrées, avec les mêmes motifs récurrents tels les yeux baignés de larmes, des guirlandes de fleurs, les petits coeurs...

Par contre dans les mangas destinés aux hommes, les scènes peuvent être tantôt soft tantôt d'une brutalité bestiale. Dans les publications moins suggestives, tels les BD pour les jeunes adolescents, les personnages apparaissent nus dans toutes sortes de situations et les corps sont généralement privés de sexe.

La position japonaise à l'égard des organes génitaux peut paraître paradoxale. En effet, si les scènes sexuelles peuvent paraître crues avec en prime des viols d'adolescentes (voir infra), il est interdit de montrer des organes sexuels en action et également les poils pubiens (les Japonais ne les considérant pas très érotiques). Les dessinateurs ont appris à contourner ces censures en substituant la suggestion à la représentation directe, avec des métaphores et autres artifices. De même, ils ont développé une technique particulière, grâce au fait qu'ils dessinent toujours en noir et blanc, qui se base sur les différents tons de ces couleurs. Ainsi, on peut voir des phallus qui apparaissent en silhouette (en noir ou en blanc), ou une montagne en forme de sexe qui soulève la femme lors de la jouissance, ou encore des monstres agitant leurs tentacules suggestives... Par contre d'autres métaphores sont plus spécifiques à la culture nipponne et sont difficilement compréhensibles pour un Occidental, comme le saignement du nez qui signifie une excitation sexuelle.

Mais ce qui vaut pour les mangas distribués par les réseaux officiels ne l'est pas du tout pour les dõnjinshis où la pornographie, sans censure, est légion.

Les mangas pornographiques aiment jouer sur les fantasmes sexuels et les dessinateurs ne reculent devant rien: viols, inceste, acte de sodomie se succèdent dans une atmosphère d'ultra violence.

Dans les quartiers chauds, il existe des distributeurs automatiques qui permettent aux intéressés de s'approvisionner 24 heures sur 24. Dans un tel contexte, il est logique que toutes les firmes de production tentent de se positionner dans le marché.

La plupart des lecteurs de ces mangas pornographiques sont des hommes d'affaires, qui pour fuir leurs soucis quotidiens, s'installent dans un des nombreux comics cafés le temps d'une lecture. Pourtant les lecteurs n'ont pas l'air spécialement excité d'un point de vue sexuel, l'ambiance est même plutôt studieuse.

Chaque semaine voit apparaître une vingtaine de titres de mangas pour adultes. De nombreux clients étrangers manifestent beaucoup d'intérêt pour les mangas pornographiques; Mandarake, une grande librairie spécialisée, livre dans le monde entier. Un exemplaire rare peut se vendre jusqu'à trois mille dollars.

Anime vend les adaptations des mangas porno en K7 vidéo, là aussi de nombreux clients sont étrangers. Visiblement les fantasmes insolites des mangas ne séduisent pas que les lecteurs japonais, mais sans doute pas pour les mêmes raisons.

Par ailleurs, les dessins et les histoires sont le plus irréel possible, ainsi on évite le passage à l'acte, le désir d'imitation est exclu. Mais comme pour la violence, l'affaire Tsutomu Myazaki a jeté un froid sur la théorie qui exclut toute imitation de la part des lecteurs.

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