Une industrie du
divertissement Dans un pays où le yen est roi, les mangas n'ont d'autre fonction que d'enrichir les puissantes maisons d'édition. Au Japon, la bande dessinée est considérée comme un produit de consommation courante et ceci donne naissance à des chiffres faramineux. En effet, la production cumulée des magazines spécialisés et des albums a atteint le chiffre de 2,3 milliards en 1995, dont 1,9 milliard d'exemplaires vendus. Ces chiffres démontrent la popularité de ces publications: en moyenne chaque Japonais lit quinze mangas imprimés par an. Le chiffre d'affaires de la bande dessinée est en pleine croissance; en 1993 il était de 5,6 milliards de dollars, trois ans après il s'élevait à 9 milliards de dollars( équivalent au PNB de l'Islande), soit 39.3% du chiffre d'affaires de l'édition. Mais ces chiffres présentent une grande lacune dans le sens où ils n'incluent pas les millions de dõnjinshis, des mangas produits par des amateurs, vendus lors de grands rassemblements dans des halls d'exposition. A croire que les milliers d'histoires qui paraissent toutes les semaines dans les réseaux officiels ne suffisent pas à satisfaire la demande. Les magazines (hebdomadaires, mensuels, bimensuels), épais comme des annuaires de téléphone, desservent tout le Japon en très grande quantité ( Shõnen Jump, le plus populaire hebdomadaire est tiré à cinq millions d'exemplaires) et servent également de tremplin à toutes les nouvelles histoires. Dans un souci d'effectuer des économies substantielles, le papier utilisé est de très mauvaise qualité et les dessins dénués de couleurs. Ces publications se vendent volontairement à un prix très bas (entre 100 et 150 BEF), les éditeurs misant sur leur succès futur pour engendrer de gros bénéfices. En effet, les mangas représentent un potentiel économique non négligeable et les grands éditeurs n'ont rien à envier à leurs grands frères américains dans l'art du merchandising. Lorsqu'une histoire semble avoir les faveurs du public, la première étape consiste à publier les histoires dans des albums au format de poche. La deuxième étape consiste à adapter les histoires à succès au petit écran; précisons que les dessins animés de Walt Disney comptent 25 images par seconde, tandis que les mangas destinés à la télévision n'en comptent que cinq ou six, secret transparent de leur coût. Enfin chaque sortie d'un film d'animation au cinéma, la consécration pour un manga, fait éclore sur le marché une quantité astronomique de gadgets et de sous-produits, fidélisant ainsi une clientèle jeune, au pouvoir d'achat conséquent. |