Etrange paradoxe dans ce Japon surpeuplé, le lecteur de mangas se retrouve seul dans une réalité dessinée. Le lieu de prédilection pour s'adonner à sa lecture favorite est le métro et les grands majors de l'édition de mangas ont adapté leurs publications. En effet, la longueur des chapitres est conçue de manière à permettre au lecteur d'en achever un entre deux stations de métro. Au Japon, on ne laisse jamais rien au hasard.

Il existe également des comics cafés exclusivement réservés aux lecteurs de bd. Ces lieux permettent aux Japonais d'assouvir deux passions à la fois: la nourriture et le manga. Au Japon, qui est le plus grand consommateur de poissons au monde, la nourriture prend une place primordiale et presque religieuse.

En moyenne de tels établissements voient défiler un milliers de personnes par jour; le temps leur est facturé trente yen (100 yen = 35 bef) les dix minutes en plus des consommations bien sûr, business oblige. Les dévoreurs de mangas, essentiellement des hommes, peuvent largement satisfaire leur appétit en silence, vu surtout le nombre incalculable de titres disponibles (souvent plus de trente mille titres).

En s'immergeant dans un monde imaginaire, les Japonais peuvent alors rire de leurs frustrations, abattre un ennemi ou alors séduire une très belle fille.

En moyenne vingt minutes suffisent à un Japonais pour lire 320 pages, soit une moyenne de quatre secondes par page. Comment est-ce possible? La réponse tient à la simplicité de la structure narrative du récit et à l'aptitude qu'ont développé les jeunes générations à lire vite.

Dans ce monde fasciné par l'image, le Japonais estime que le manga a autant à vous apprendre de la vie que le cinéma ou le roman. En accordant une attention particulière au plus infime détail de la vie quotidienne, il peut en soi les aider à mieux vivre une existence codifiée et des contraintes d'une société moderne, résolument tournée vers l'avenir. Toutefois le manga n'est rien d'autre qu'un manga et ne remplace en rien le livre, car par ailleurs les Japonais lisent beaucoup.

Au Japon, 83% des gens achètent au moins un quotidien par jour et 52% d'entre eux se procurent un hebdomadaire par semaine. Les deux principaux quotidiens ( sur plus d'une centaine de titres proposés) , le Yomiuri Shimbun et l'Asahi Shimbun, réputé plus intellectuel, dépassent chacun les dix millions d'exemplaires vendus chaque jour. Parmi les adultes, seuls 4% des hommes et 11% des femmes avouent ne jamais jeter un coup d'œil à la presse.

Autres statistiques révélatrices de leur appétit des médias: les hommes japonais passent en moyenne trois heures par jour devant l'écran, les femmes presque cinq heures; 80% des foyers nippons possèdent une console de jeux et plus encore ont un lecteur de vidéo chez eux. Notons qu'il suffit de pénétrer dans un appartement japonais pour y constater l'impressionnant matériel hi-fi et les grandes bibliothèques de publications; impressionnant, surtout vu la taille des logements.

A la question:" sur une île déserte ,quels sont les deux objets que vous emporteriez avec vous?" Sur une île déserte, 20% des Nippons répondent un journal (contre 5% des Américains) et 36% une la télévision (4% pour les Américains); les Américains en majorité emporteraient leur frigidaire et leur automobile.